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WORK 4 MODEL
La Citroën Méhari


La Citroën Méhari est une voiture de plein air à 2 places (4 places en option) produite par Citroën entre 1968 et 1987. Sa carrosserie conçue par le comte Roland de La Poype est en plastique ABS.

Le « méhari » est un dromadaire (« mahari » en arabe), c'est le dromadaire des Touaregs, des Chaâmbas et des « Méharistes » de l’armée française. Il est plus grand que le dromadaire de bât. Ses concurrentes principales sont la Renault Rodéo (1970-1986), la Mini Moke (1964-1993) et la Mega Club (1992-1998).

En 2020, la voiture demeure assez présente en France et fabriquée par des entreprises spécialisées, toutes les pièces (châssis et éléments de carrosserie) étant disponibles en neuf.

La Méhari avant la Méhari

La Citroën 2CV, qui sert de base mécanique à la Méhari avait été conçue dans les années 1940 pour les agriculteurs circulant sur de mauvais chemins et a fait preuve dès l'origine de certaines capacités en tout-terrain : le cahier des charges prévoyait de pouvoir traverser un champ labouré avec un panier d'œufs posé sur la banquette, sans les casser, un petit exploit rendu possible par des suspensions spéciales à grand débattement. Seule la puissance était un peu limitée pour le franchissement d'obstacles.

Une 2CV Sahara à 4 roues motrices avait été étudiée et commercialisée à la demande des ingénieurs de CFP Total. L'adaptation était pour le moins inhabituelle (mais très efficace) : une 2CV bimoteur (le second moteur prenant place dans le coffre arrière).

Un premier prototype de « jeep » 2CV, utilisant des panneaux nervurés (comme le Citroën Type H et l'avion Junkers 52), avait été réalisé à la fin des années 1950 à Abidjan par un restaurateur français, Maurice Delignon.

Cela avait donné l'idée à 2 industriels français (messieurs Letoquin et Lechanteur) expatriés en Côte d'Ivoire de fabriquer dès 1963 une « jeep » légère sur base de 2CV Citroën dotée une carrosserie rustique facilement réalisable avec une simple plieuse à tôle. Baptisée « Baby-Brousse », cette proto Méhari sera fabriquée à plus de 30'000 exemplaires par les forges et ateliers de l'Ebrié à Abidjan. Son aspect extérieur évoque déjà nettement la Méhari. Des milliers d'autres Baby-Brousse seront fabriquées au Viêt Nam, en Iran, au Chili (baptisée « Yagan » du nom des indigènes de la Terre de Feu) et en Grèce.

Citroën reprendra l'idée à son compte en lançant une version améliorée (cabine tôlée) de la Baby-Brousse : la FAF (facile à financer, facile à fabriquer), destinée aux pays en voie de développement ou émergents. Le succès sera toutefois moindre que celui de la Baby-Brousse originale.

Voiture utilitaire avant tout, parfois surnommée « l'Adéquate » par les expatriés français d'Afrique, la Baby-Brousse se prêtait aussi à l'usage récréatif comme voiture de plage, un marché de niche défriché par les buggies venus des États-Unis.

C'est ce qui inspira au marquis Roland de la Poype, ancien as de l'escadrille Normandie-Niemen et industriel spécialisé dans les matières plastiques, l'idée de réaliser une voiture récréative avec une carrosserie en thermoformable teinté dans la masse, l'ABS.

Généralités

La Méhari est une voiture pour les loisirs, le plein-air et les balades en famille. En rabattant la banquette arrière (optionnelle), elle se transforme en une deux-places pour un usage utilitaire. Le modèle quatre-places coûtait environ 5 à 10% de plus, comme les versions avec installation électrique 24 volts ou 4 roues motrices (4×4) proposées plus tard. La Méhari à 2 places se plaçait en concurrente de certaines petites fourgonnettes.

La Citroën Méhari est basée sur le châssis plate-forme de la Dyane et est équipée du moteur Citroën de 602cm3 de l'Ami 62. Les pièces composant la voiture, à part la carrosserie et la bâche, proviennent pour l'essentiel d'autres modèles de la marque : moteur, boîte de vitesses et train avant d'Ami 6, volant de 2CV, roues, phares, essuie-glaces, frein à main de Dyane, feux arrière de fourgon Type H. La suspension est à ressorts latéraux sous caisse, bras et batteurs à inertie dans les premières années, puis avec amortisseurs latéraux.

La carrosserie en ABS (acrylonitrile butadiène styrène) emboutie à chaud et teintée dans la masse, peut reprendre sa forme initiale après un léger choc. Elle est soutenue par 2 cadres métalliques en treillis tubulaires boulonnés à la plate-forme, un pour la partie avant et un second pour la partie arrière.

Le lancement de la Méhari le 11 mai 1968 en grande pompe sur le golf de Deauville passa inaperçu en raison des événements de Mai 68. La première année de fabrication (1968), la voiture sera assemblée en petite série par la Société d'études et d'applications du plastique (SEAP) à Bezons (Val-d'Oise), les pièces mécaniques provenant des différentes usines du groupe ; puis avec l'augmentation des commandes, la Méhari sera principalement construite en Belgique, mais aussi en Espagne et au Portugal.

La Méhari a souvent été vue avec un hardtop en plastique conçu et commercialisé par la société ENAC. Celle-ci proposait aussi une option capote repliable et un pick-up.

Histoire

La première série 1968-1969 ne sera fabriquée qu'une seule année. En effet, pour les modèles 1970, la carrosserie est légèrement modifiée. Les clignoteurs arrière latéraux type 2CV sont supprimés et remplacés par des feux Type H reportés sur la face arrière.

Pour 1979, un combiné à 2 cadrans issu de la Citroën LN prend place sur la planche de bord et la puissance du moteur passe de 26ch DIN à 29ch DIN grâce à un carburateur double-corps. En 1979, apparaît la Méhari 4×4 qui, à l'origine, est produite pour l'armée, laquelle va d'ailleurs en acquérir une centaine d'exemplaires au départ.

Pour 1986, la gamme incorpore la Méhari Azur à la carrosserie blanche et bleue.

La production de Méhari est arrêtée en 1987.

Méhari 4×4

Le 23 mai 19793, Citroën lance la « Méhari 4x4 ». La carrosserie se distingue par sa roue de secours posée sur le capot en option, ses pare-chocs supplémentaires tubulaires à l'avant et à l'arrière, ses passages de roue élargis (pour 1982), ses gros pneus tout-terrain en option (pour 1982) et ses feux arrière d'Acadiane. La version 4×4 dispose d'une boîte de vitesses avec réducteur (4 vitesses normales et 3 vitesses avec réducteur) lui permettant de franchir des pentes jusqu'à 60%. À l'époque, la Méhari 4×4 est l'un des rares 4×4 à 4 roues indépendantes. Les freins arrière sont à disques.

La production de Méhari 4×4 est arrêtée fin juin 1983.

Avec seulement environ 1'213 véhicules produits, elle est aujourd'hui très recherchée et les pièces de la transmission sont quasiment introuvables.

La Méhari et l'armée française

Pour assurer la transition entre la Jeep Hotchkiss et la Peugeot P4, la Méhari à 2 roues motrices a été commandée à partir de 1972 par l'armée française à 7'064 exemplaires dont 691 versions auto-école. Les modèles achetés par l'armée disposent d'un circuit électrique en 24V (12V pour la gendarmerie) pour l'alimentation de la radio. Les 2 batteries de 12V sont montées en série avec un coupe-circuit interposé. La 2e batterie se situant à la place de la boîte à gants. De ce fait, la voiture dispose d'organes électriques spécifiques, en particulier la bobine, l'alternateur, le démarreur et l'ensemble des lampes. Seule la bobine n'est pas empruntée aux équipements destinés aux camions, ce qui en fait une pièce rare.

Nuancier

La carrosserie étant fabriquée par la SEAP — qui était un sous-traitant de Citroën à l'époque et qui a aussi effectué le montage de la voiture la première année —, il fut pendant longtemps difficile de se procurer des pièces de la carrosserie. La couleur étant intégrée au matériau et le véhicule ayant une vocation utilitaire, le nuancier est assez limité. Seul le vert Montana est resté au catalogue pendant les 18 ans de production. Excepté le bleu, les noms officiels des couleurs font tous référence à des régions désertiques.

Les restaurations ont imposé longtemps une mise en peinture sur les éléments apprêtés et fournis dans la couleur blanche. Puis, des revendeurs de pièces détachées spécialisés dans les 2CV et Méhari ont refabriqué avec les moules d'époque tous les éléments de carrosserie teintés dans la masse, dans les coloris d'époque ou même transparents.

couleur 1968 - 1969 1969 - 1975 1976 - 1977 1978 - 1979 1980 - 1982 1983 - 1987
Rouge Hopi
Vert Tibesti
Vert Montana
Orange Kirghiz
Beige Kalahari
Beige Hoggar
Jaune Atacama
Blanc et bleu (Azur)
Rouge Hopi
Vert Tibesti
Jaune Atacama
Blanc et bleu (Azur)
Blanc et bleu (Azur)

La Méhari en Allemagne

La Méhari n'était pas homologuée en Allemagne en raison de sa carrosserie plastique inflammable, mais la société Fiberfab lance en août 1975 un pick-up avec pare-brise rabattable nommé « Sherpa » sur la base de la Citroën Dyane. La Sherpa sera produite jusqu'en 1982.

La Méhari aux États-Unis

En 1970, la Méhari a été vendue aux États-Unis. La face avant était modifiée pour recevoir des projecteurs de grandes dimensions selon la réglementation américaine. Aux États-Unis, la voiture est classée en tant que camionnette.

Les normes de sécurité camions de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) étant beaucoup plus clémentes que celles des voitures particulières aux États-Unis, la Méhari américaine n'avait pas de ceintures de sécurité.

Seulement 214 Méhari y ont été vendues en 1970.

Spécificités américaines :

  • Face avant modifiée comprenant des gros phares de 7 pouces. Présence de feux de position latéraux
  • Fermeture arrière basculante (ridelle) comprenant un espace pour la plaque d'immatriculation qui est éclairée de chaque côté
  • Pare-chocs arrière droit
  • Moteur d'essuie-glace à 2 vitesses
  • Feux de recul.

Sites de production

La Citroën Méhari a été produite dans 8 usines différentes officielles :

  • Ateliers S.E.A.B. à Villejuif, France : 62 exemplaires
  • Établissements E.N.A.C. Bezons, France : 2'500 exemplaires
  • Usine Citroën Levallois, France : 1'659 exemplaires
  • Usine Panhard - Citroën Ivry, France : 1'763 exemplaires
  • Usine Citroën Rennes, France : 7'846 exemplaires
  • Usine Citroën Forest, Belgique : 91'788 exemplaires
  • Usine Citroën Vigo, Espagne : 12'480 exemplaires
  • Usine Citroën Mangualde, Portugal : 17'500 exemplaires
  • Véhicules CKD assemblés à l'étranger : 9'355 exemplaires

Soit un total de 144'953 exemplaires fabriqués.

L'usine belge de Forest a produit le plus de Méhari : 91'788 exemplaires, 63% du total.

La Méhari sous d'autres latitudes

Il s'agit essentiellement de véhicules utilitaires rustiques conçus pour les pays émergents avec une carrosserie en tôle pliée et non de véhicules récréatifs type voiture de plage. La plupart ont été créés avant la véritable Méhari.

Plusieurs versions à carrosserie métallique de la Méhari ont existé notamment en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. La carrosserie en tôle remplaçait celle en ABS du modèle européen. La « Baby-Brousse » (1970 à 1979) était fabriquée en Côte d'Ivoire, en Iran et au Chili (Yagan de 1973 à 1974), la « FAF » (pour « facile à fabriquer ») au Sénégal, (le Guelhem à partir de mai 1980), en Guinée-Bissau (N'Haye de juillet 1979 à 1984), en République centrafricaine (à partir de février 1979), la « Dalat » (1970 à 1975) au Viêt Nam du Sud et la « Namco Pony » (1978 à 1985) en Grèce. Leur aspect extérieur diffère sensiblement.

Iran

La SAIPA, société qui appartient à 75% à l'État impérial d'Iran et qui produit la Jyane (Dyane iranienne) de 1968 à 1997, propose à partir de 1970 et jusqu'à la révolution iranienne en 1979 la « Baby-Brousse ». La carrosserie à l'aspect rudimentaire est un assemblage de tôles pliées.

Argentine et Uruguay

La Méhari vendue en Argentine possède une carrosserie en polyester et non en ABS. La voiture était fabriquée en Uruguay de 1971 à 19796. Après le retrait de Citroën d'Argentine, la production de la Méhari, qui est devenue la « Méhari Ranger » avec des passages de roue élargis et des gros pneus, a continué encore quelque temps. Nordex en Uruguay a produit 14'000 unités.

Culture populaire

Télévision

Pimp My Ride, l'émission de télé-réalité qui consiste à reprendre de vieilles voitures délabrées et à les remettre en état est arrivée en France en 2009 et des jeunes ont proposé une Méhari.

Visible dans le téléfilm Dix jours pour s'aimer (2011).

Le véhicule que conduit Julien Boisselier tout au long du téléfilm Des frères et des sœurs est une Méhari (2013).

Dans la mini-série française À vous de jouer Milord, le héros, Hubert de Pomarec dit « Milord », conduit une Méhari surnommée « Marguerite » affublée d'un avertisseur poussant un meuglement (1974).

Films

Un exemplaire est présent dans une courte scène avec Charlton Heston du film Le Survivant de 1971.

Dans le film Banzaï avec Coluche.

C'est aussi la voiture de Le gendarme de Saint-Tropez (derniers films de la série). Dans Le Gendarme et les Extra-terrestres, Louis de Funès démonte sa Méhari en panne (du fait d'une soucoupe volante) et sort du capot… un moteur 4-cylindres en ligne refroidi par eau, puis dans Le Gendarme et les Gendarmettes (1982).

Dans Les Chevaliers du ciel de Gérard Pirès sorti en 2005, le capitaine Antoine « Walk'n » Marchelli (Benoît Magimel) conduit sous la pluie une Méhari beige intégralement décapotée.

Dans Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? de Philippe de Chauveron sorti en 2014, une Méhari sert de véhicule d'appoint au domicile de Christian Clavier et de Chantal Lauby.

Dans Avis de mistral en 2014, les personnages se déplacent autour de leur maison en Méhari.

Clips

Dans le clip du morceau Crash me du groupe Indochine, Nicola Sirkis conduit une Méhari.

Bigflo et Oli dans le clip Pour un pote, avec Jean Dujardin.

Deluxe dans le clip Tum Rakak.

Anecdote

Pendant l'automne-hiver 1973/1974, 63 Méhari furent incendiées dans Paris par un pyromane ; la dernière, ayant brûlé dans la nuit du 8 au 9 février 1974, a entraîné la mort par intoxication.

Voitures inspirées par la Méhari

La Tangara de Teilhol est une révision assez aboutie de la Méhari, dont elle se présente comme la remplaçante potentielle. Son moteur et son volant proviennent de la 2CV 6 ; Teilhol montait son propre tableau de bord. Les sièges proviennent du C15, les feux arrière de la Peugeot 205 et les rétroviseurs et clignotants avant du Renault Express. À la suite de problèmes financiers, la fabrication a cessé au printemps 1990, après 1'500 exemplaires construits. Il existe également des Tangara 4×4, ainsi que des Tangara équipées d'un moteur 4-cylindres d'AX et d'une peinture bicolore.

Dans sa quête de diversification, la marque Mega développe un véhicule de loisirs grand public, la Mega Concept 1, à la modularité exceptionnelle, dérivé de la Citroën AX, se transformant au gré des besoins en pick-up, en break (Mega Ranch) ou en coupé/cabriolet (Mega Club, Mega Cabriolet) dont la philosophie est très proche de la Méhari.

Au salon de Francfort 2015, Citroën dévoile un concept de Méhari moderne découvrable sur la base du C4 Cactus, le Cactus M, qui ne sera pas produit en série ; il sert de nouvelle image pour Citroën afin de le repositionner.

Le 7 décembre 2015, Citroën dévoile la e-Méhari, un cabriolet électrique. Elle fut produite en série de mars 2016 à février 2019. En janvier 2019, Citroën annonce l'arrêt définitif de la production de la e-Méhari dans l'usine de Rennes. Elle était basée sur la Bolloré Bluesummer et affiche une face avant inspirée du C4 Cactus M.

Depuis 2016, la société familiale Méhari Loisirs Technologie basée en Ardèche produit et commercialise des répliques électriques de la Méhari.

Une société de Düsseldorf, MM Kit Cars, dirigée par Mario Malzkorn construit une réplique sous forme de kit à adapter sur votre 2CV ou de voiture entièrement montée rebaptisée « El Cid ».

57 photos sur la
Méhari de 1968 à 1987