bannière site work-4-model
WORK 4 MODEL
La Lotus 97T

Ayrton Senna

Ayrton Senna da Silva (/aˈiʁtõ ˈsẽnɐ dɐ ˈsiwvɐ/), généralement appelé simplement Ayrton Senna, est un pilote automobile brésilien, né le 21 mars 1960 à São Paulo et mort le 1e mai 1994 à Bologne, à la suite d'un accident lors du Grand Prix de Saint-Marin. Idole au Brésil où son statut a dépassé celui de champion sportif, il est considéré comme l'un des plus grands pilotes de l'histoire de la Formule 1 dont il remporte le titre de champion du monde à 3 reprises, en 1988, 1990 et 1991, gagnant 41 Grands Prix et réalisant 65 pole positions durant les 11 saisons qu'il a disputées.

Après avoir commencé la compétition au Brésil par le karting, il termine 2 fois vice-champion du monde de la discipline en 1979 et 1980. Ayrton Senna commence ensuite son apprentissage en monoplace au Royaume-Uni l'année suivante. Champion de Grande-Bretagne de Formule Ford (Formule Ford 1600 en 1981 et Formule Ford 2000 en 1982) et de Formule 3 en 1983, il obtient sa place en Formule 1 au sein de la modeste écurie Toleman-Hart lors de la saison 1984. Dès son 5e départ en Grand Prix, à Monaco le 3 juin, il se révèle aux yeux de tous les observateurs de la Formule 1 en obtenant son premier podium sous des trombes d'eau, échouant de justesse face au pilote qui deviendra son plus grand rival, Alain Prost. Engagé par Lotus-Renault l'année suivante, il s'y affirme durant 3 saisons comme l'une des principales forces du plateau, en obtenant 16 pole positions, 6 victoires ainsi qu'une 3e place au championnat en 1987.

Ayrton Senna à ses débuts, en Formule Ford, en 1981 En 1988, il rejoint Prost, devenu double champion du monde, chez McLaren-Honda, pour une saison où les 2 pilotes partagent 15 victoires en 16 courses et au terme de laquelle il obtient son premier sacre mondial. Prost remporte le championnat suivant ; Senna est à nouveau sacré en 1990 puis en 1991. Après 2 saisons 1992 et 1993 plus compliquées pour ce qui est des résultats, mais remarquables au regard de l'écart important de performance sur le plan technologique avec les pilotes Williams-Renault, Senna décide de rejoindre cette écurie en 1994 avec l'objectif de conquérir un 4e sacre mondial. Lors de la 3e course de la saison 1994, le Grand Prix de Saint-Marin disputé sur le circuit d'Imola, alors qu'il est en tête de la course, au 7e tour, il est victime d'un accident mortel dans la courbe de Tamburello ; un accident auquel des millions de téléspectateurs assistent en direct et qui provoque une émotion internationale.

Plusieurs votes dans différentes consultations liées au sport automobile désignent Ayrton Senna comme le meilleur et le plus influent pilote de tous les temps. Il est notamment réputé pour son excellence sur un tour, dans l'exercice des qualifications : il est le recordman du nombre de pole positions de 1989 à 2006, seulement dépassé par Michael Schumacher puis par Lewis Hamilton. Il est également reconnu pour ses performances sur piste détrempée, avec des victoires d'anthologie comme au Grand Prix du Portugal 1985 (la première de sa carrière), au Grand Prix d'Europe 1993 à Donington, et sa 2e place sous le déluge en 1984 à Monaco, un circuit où il détient un record de 6 victoires. En matière de succès, il occupe encore la 5e place des pilotes les plus victorieux en ayant couru 161 Grands Prix. Sa rivalité au sommet avec le Français Alain Prost fait partie des grandes heures de la Formule 1 ; 2 fois, en 1989 et en 1990, et au même endroit, sur le circuit de Suzuka, le titre se joue entre les 2 pilotes sur des accrochages et des polémiques.

Les années Lotus

1985 : les premiers succès

Chez Lotus, le Brésilien intègre une écurie dirigée par l'ingénieur français Gérard Ducarouge, et découvre son nouveau coéquipier italien Elio De Angelis, 3e du championnat en 1984. La monoplace se montre très rapide et doit permettre à la firme britannique – qui comptabilise 13 titres mondiaux – de retrouver les avant-postes, malgré le décès de Colin Chapmanb. En dépit d'une paralysie faciale de Bell qui l'empêche de s'exprimer durant la quasi-totalité de l'intersaisona, Senna ne se résigne pas et confirme immédiatement son potentiel lors du Grand Prix du Brésil disputé sur le circuit de Jacarepaguá, qui ouvre la saison et au cours duquel, devant un public acquis à sa cause, et s'élançant 4e sur la grille, il lutte 48 tours pour le podium avant d'abandonner sur une panne électrique, et assiste, déçu, au podium de son coéquipier.

2 semaines plus tard, le Brésilien confirme son exceptionnelle aptitude à piloter sur piste mouillée, entrevue l'année précédente dans les rues de Monaco, en remportant, le 21 avril 1985, sous un déluge, le premier Grand Prix de sa carrière, au Portugal à Estoril. Auteur la veille de sa première pole position, le Brésilien survole la course en établissant le meilleur tour, et en reléguant son dauphin, l'Italien Michele Alboreto, à plus d'une minute. Ces 3 succès constituent le premier hat trick de sa carrière : « Les gens pensent que j'ai réalisé une course parfaite ce jour-là mais je n'ai fait que des erreurs et me suis même retrouvé à plusieurs reprises les quatre roues dans l'herbe. À un moment, j'ai fait la même erreur qui a valu à Prost un tête-à-queue mais j'ai eu la chance de rester sur la piste. Je suis fier de cette victoire mais je suis aussi conscient que cette course n'aurait jamais dû se dérouler. »

une Lotus 97T 1985 vue de face sous la pluie Les semaines suivantes, Senna profite des 800 chevaux du moteur Renault V6 turbocompressé pour réaliser 4 nouvelles pole positions sur les circuits d'Imola, de Monaco (en améliorant de plus d'une seconde le précédent record d'Alain Prost), de Détroit et de Monzaa. Cependant, la puissance du moteur ne garantit pas sa fiabilité en course, ce que Senna et son coéquipier constatent régulièrement. En effet, les 7 abandons consécutifs du Brésilien entre son succès portugais et le Grand Prix d'Allemagne 1985, conduisent les ingénieurs et Senna à travailler d'arrache-pied pour permettre aux monoplaces de trouver un meilleur rythme de course. Le déclic intervient lors du Grand Prix d'Autriche, que le Brésilien conclut en 2e position derrière Prost. C'est le début d'une série de podiums pour le pilote brésilien, qui se classe 3e à Zandvoort, puis de nouveau 3e à Monzaa. Senna aborde le Grand Prix de Belgique en 4e position au championnat, loin derrière Prost et Alboreto qui se disputent le titre mais avec seulement 7 points de retard sur son coéquipier Elio de Angelis. Le Brésilien est en outre courtisé par des écuries réputées, dont Brabham car le directeur de l'écurie britannique Bernie Ecclestone souhaite remplacer Nelson Piquet par un jeune pilote doué et, si possible, de nationalité brésilienne. Senna, particulièrement apprécié chez Lotus pour ses qualités de pilotage et son acuité rare dans le dialogue technique avec les ingénieurs, en plus d'être très proche de Gérard Ducarouge, lui oppose une fin de non-recevoir et confirme son volant chez Lotus pour la saison 1986.

Disputé sur le sélectif tracé de Spa-Francorchamps, le Grand Prix de Belgique offre à Senna une nouvelle occasion de démontrer ses qualités de pilotage en conditions humides. Alors que Prost mène une course tactique et économe pour assurer des points pour le titre mondial, le Brésilien, 2e sur la grille, profite de sa supériorité sous la pluie et remporte la 2e victoire de sa carrière, avec plus de 20 secondes d'avance sur Nigel Mansell et le Français. Il dépasse ainsi son coéquipier et rival Elio de Angelis de 2 points au championnat. Auteur de 2 nouvelles pole positions et d'un podium (2e derrière Mansell à Brands Hatch à l'occasion du Grand Prix d'Europe où Alain Prost s'adjuge le titre mondial), Senna conclut la saison par 2 abandons à Kyalami (en Afrique du Sud) et à Adélaïde (en Australie). Il termine 4e du championnat, à 2 points du Finlandais Keke Rosberg qui complète le podium derrière Prost et Alboreto.

une Lotus 97T 1985 vue de profil gauche, photo en noir-et-blanc Devenu la référence en matière de qualifications au cours d'une saison qui le voit obtenir 7 pole positions, le Brésilien profite du départ de son coéquipier Elio de Angelis, avec lequel les relations se sont ternies au fil de la saison, le Brésilien ne concevant pas l'amitié entre pilotes partageant le même équipement. Senna obtient ainsi un pouvoir plus élargi au sein de la Team Lotus, que ne devrait pas lui contester son nouveau coéquipier, Johnny Dumfries dont l'arrivée fait suite au veto apposé par Senna quant à la venue de Derek Warwick, un pilote plus réputé qui possède en outre l'avantage de bien connaître les moteurs Renault. En effet, pour Senna, il est impossible sur un plan économique que Lotus puisse se consacrer à 2 pilotes de pointe. Il reste conscient du chemin à faire pour devenir meilleur : « À bien des égards, les défauts et les qualités sont liés. Ma détermination à aller de l'avant en est une mais c'est aussi une grande faiblesse car elle me conduit à ne jamais renoncer. Or, parfois, il faut savoir renoncer pour changer de direction. Cela m'aurait bien aidé durant l'été. » Son ingénieur Ducarouge ajoute : « Il est très exigeant avec les autres autant qu'avec lui-même. Après sa victoire à Estoril, il m'a reproché de lui avoir présenté un panneau lui indiquant de ralentir le rythme alors qu'il roulait 3 secondes plus vite au tour que tout le monde. Il m'a dit : « On ne dit jamais à un pilote de lever le pied, c'est dangereux ! » On a décroché 7 pole positions, au grand dam des autres équipes qui durant le contrôle technique examinaient chaque fois la monoplace sur toutes les coutures afin de déceler une tricherie. Je leur ai lancé : « Si vous voulez disqualifier quelque chose, disqualifiez le pilote. Il n'y a que cela de magique dans notre voiture ! » C'est à partir de ce moment qu'Ayrton a été surnommé Magic.

1986 : la confirmation

À l'intersaison 1986, Senna poursuit au sein de l'écurie Lotus-JPS qui bénéficie du soutien élargi de la régie Renault après le retrait de l'équipe d'usine. Cette association renforcée entre les 2 marques et l'implication des ingénieurs français Gérard Ducarouge et Bernard Dudot visent à améliorer la fiabilité en course du moteur français face au régulier TAG Porsche des McLaren et à la montée en puissance de Honda qui motorise l'écurie Williams. Les essais privés, 3 semaines avant l'ouverture de la saison, sur le circuit Paul-Ricard semblent concluants pour Senna qui relègue ses adversaires à plus d'une seconde.

Le Brésilien, considéré comme l'un des principaux outsiders du championnat, marque les esprits dès la première course, au Brésil à Jacarepaguá, en réalisant la pole position et terminant 2e au terme d'un duel âpre contre son compatriote et rival Nelson Piquet. Lors du Grand Prix d'Espagne, 2 semaines plus tard, sur le circuit de Jerez, Senna réalise un weekend quasi parfait en s'adjugeant la pole position et la victoire au terme d'un combat contre le pilote Williams Nigel Mansell, remporté par 14 millièmes de seconde. Ce 3e succès en Formule 1 permet au Brésilien de s'emparer, pour la première fois de sa carrière, de la tête du championnat.

Senna enchaîne les bons résultats en réalisant, à Saint-Marin, sa 10e pole position, malgré un abandon en course, et 2 podiums, à Monaco derrière Alain Prost et Keke Rosberg, puis à Spa-Francorchamps, au terme d'un duel avec Mansell remporté par le Britannique. Ces résultats, ainsi qu'une 5e place à Montréal, lui permettent d'aborder le Grand Prix de Détroit en 2e position au championnat, avec 2 points de retard sur Alain Prost mais devant les pilotes Williams Nelson Piquet et Nigel Mansell qui possèdent les monoplaces les plus véloces du plateau.

une Lotus 97T 1985 vue de profil gauche en course Auteur de la pole position dans le dédale urbain de Détroit, Senna fait preuve d'une belle aisance le lendemain, en remportant la 4e victoire de sa carrière et en reprenant la tête du championnat. Cette victoire acquise face à 2 pilotes français, Jacques Laffite et Alain Prost, le lendemain de la défaite de la Seleção contre les Français en quarts de finale de la coupe du monde de football, combinée à sa célébration très patriotique, assoit un peu plus la popularité de Senna dans son pays. La suite de la saison de Senna reste de belle facture mais sa monoplace ne peut tenir le rythme des Williams, ainsi que celui de la McLaren d'Alain Prost qui tire toute la quintessence de sa voiture. Forcé de pousser sa monoplace au maximum de sa consommation moteur, Senna, toujours aussi performant sur un tour (auteur de la pole position en France, en Hongrie, au Portugal et au Mexique), abandonne à plusieurs reprises mais termine 2e derrière Piquet en Allemagne. Lors du Grand Prix de Hongrie, l'expérimenté Nelson Piquet, double champion du monde, et le jeune Senna, adversaires sur la piste et en dehors, se livrent, plusieurs tours durant, à un duel accroché donnant lieu à plusieurs dépassements spectaculaires dont Piquet sort vainqueur grâce à la puissance de son moteur.

Ce duel marque l'apogée d'une « guerre des moteurs » entre les 3 meilleures écuries (McLaren-TAG de Prost et Rosberg, Williams-Honda de Mansell et Piquet, Lotus-Renault de Senna et Dumfries) et entraîne le report de 2 ans de la limitation de puissance des moteurs à 600 chevaux, annoncé par le président de la FIA, Jean-Marie Balestre. Durant l'été, en marge du Grand Prix d'Allemagne, des négociations aboutissent à un accord tripartite en vue de la future saison entre Williams, Lotus, et Honda, le meilleur motoriste du plateau, qui souhaite absolument s'associer à un ingénieur du talent de Ducarouge et surtout à un pilote de la trempe de Senna. Le Brésilien, conscient que le moteur japonais possède un avantage substantiel sur la concurrence, conditionne la suite de sa carrière chez Lotus à la signature de ce contrat. Au lieu d'apaiser les tensions, l'accord les ravive et crée une rivalité entre Senna et les pilotes Williams, mais aussi Alain Prost qui lorgnait sur le bloc japonais pour équiper sa monoplace en 1987 et qui se sent lésé. Cette rivalité prend toute son ampleur dans les duels sur la piste et dans la lutte très serrée pour le titre mondial ; dans ce climat se déroulent les dernières courses de la saison, au cours desquelles Senna réalise un nouveau podium au Mexique, derrière l'Autrichien Gerhard Berger.

une Lotus 97T vue de 3/4 arrière droit Longtemps en lutte pour la couronne mondiale, Ayrton Senna se classe 4e du championnat du monde, avec 55 points, devancé par Alain Prost qui conquiert, au terme d'une saison haletante, son second titre mondial sur McLaren-TAG Porsche (72 points) et le duo Nigel Mansell/Nelson Piquet sur Williams-Honda (70 et 69 points). Satisfait de sa saison et de sa progression, il se montre déçu par l'incapacité de Williams à gérer ses 2 pilotes qui disposaient pourtant d'une monoplace largement supérieure en vue d'obtenir le titre. Ravi de sa future collaboration avec le motoriste Honda et conscient de l'opportunité inestimable de bénéficier d'un allié très puissant en vue des futures saisons, il déclare : « Leur façon de travailler est impressionnante et largement conforme à ce que j'attends. Les gens de Renault ne sont pas moins sérieux mais Honda c'est un autre niveau de professionnalisme. Avec ce moteur, je serai champion du monde. »

1987 : 3e du championnat

En 1987, la signature avec le motoriste japonais Honda est suivie d'un changement de sponsor : la livrée noir et or JPS est remplacée par le jaune du cigarettier Camel qui apporte un budget important devant permettre à l'écurie d'élever son niveau de fiabilité en course en même temps que de soutenir les ambitions de son leader qui vise le titre mondial des pilotes. En progression constante durant l'intersaison, le moteur Honda est performant dès les premiers essais privés, disputés à Rio de Janeiro, au cours desquels Nelson Piquet et Senna impressionnent. La principale interrogation porte sur l'efficacité discutable du nouveau système de suspension hydraulique à gestion électronique que l'écurie souhaite mettre en place. L'ingénieur en chef Gérard Ducarouge soutient le projet et estime que « Senna risque d'essuyer quelques plâtres avant que le système ne soit efficace, mais dans le courant de la saison, notre monoplace sera imbattable », tout en ajoutant que Senna est très enthousiaste à l'idée de participer à son développement : « Il a poussé pour le développement de la suspension active même si, paradoxalement, elle va à l'encontre de son instinct de pilote et de sa volonté constante de chercher à anticiper les réactions de sa voiture. Alors que là, la programmation va modifier le comportement de la monoplace centimètre après centimètre. »

L'intersaison est marquée par le conflit entre les pilotes et la FIA qui souhaite imposer le paiement d'une superlicence à prix prohibitif, et dans lequel Senna, qui ne souhaite pas s'acquitter de cette taxe, s'implique fortement : « Est-ce aux pilotes de financer de leur poche des installations indispensables au bon déroulement des courses.« 

Dans cette atmosphère se dispute la première épreuve de la saison au Brésil, où Senna abandonne après une lutte en tête contre Piquet et Prost qui s'impose. Auteur de la pole position à Saint-Marin le weekend suivant, le Brésilien ne peut contenir la Williams de Nigel Mansell et termine 2e derrière le Britannique. Poussé à l'abandon lors du Grand Prix de Belgique après un accrochage avec Mansell, Senna pointait, la veille de la course, l'inefficacité du nouveau système de suspension active très complexe à maîtriser, mais Ducarouge se porte garant du projet et de son efficacité future.

Le Brésilien se ressaisit à l'occasion du Grand Prix de Monaco qui lui permet de remporter sa première victoire en principauté, devant Piquet et Michele Alboreto. Au Grand Prix de Détroit, il survole la course sans effectuer le moindre changement de pneumatique, et devance Piquet de plus de 30 secondes, ce qui tend à prouver l'efficacité de la suspension, tout du moins sur les circuits urbains : « Sur les circuits rapides, la suspension active n'est pas un avantage alors que sur des circuits plus bosselés tels que Monaco et Détroit, elle est d'une efficacité redoutable. Ayrton qui souffre souvent au niveau des paumes des mains était très heureux que la suspension encaisse les imperfections de la piste et soulage ses mains. Il a fini comme une fleur. » Abordant l'été en tête du championnat avec 2 points d'avance sur Prost, il défie ce dernier pour le titre mondial, Senna alterne ensuite les performances de grande qualité (podiums en Grande-Bretagne, 3e derrière Mansell et Piquet, en Allemagne, derrière Piquet et Stefan Johansson, en Hongrie où il n'est dominé que par Piquet, et en Italie, à nouveau derrière son rival Brésilien) ainsi que les échecs, mais, à l'instar de Prost, il ne peut rivaliser face à l'efficacité des pilotes Williams sur les tracés rapides.

La nouvelle suspension, qui se révèle être un échec, ébranle la confiance du Brésilien en son ingénieur, et la signature de son rival Nelson Piquet pour la saison suivante force la décision, d'un commun accord, d'une non-reconduction du contrat entre Senna et le Team Lotus.

La présence de Senna, considéré comme le plus talentueux du plateau ainsi qu'un des meilleurs metteurs au point, sur le marché des transferts, intéresse au premier chef l'équipe McLaren de Ron Dennis et Alain Prost, qui a entamé des négociations difficiles avec Honda en vue d'être équipée de son moteur pour 1988. L'écurie britannique se détache rapidement dans l'esprit du Brésilien qui, au même titre que Dennis et Prost, pense à l'idée d'un partenariat qui servira aux 2 parties. En effet, la venue de Senna, un pilote très apprécié et respecté par les ingénieurs japonais qui le voient tel un nouveau samouraï parfaitement inféodé à leurs méthodes de travail, et partageant en outre leur maîtrise de la télémétrie, ils ne cachent pas que la création du tandem Senna/Prost serait largement susceptible de débloquer les négociations : ainsi Senna disposerait du meilleur moteur au sein d'une écurie qui sait développer ses monoplaces compétitives lui permettant de jouer le titre mondial. L'accord est rapidement signé entre McLaren et Honda. Les questions sur les éventuelles futures mésententes entre Prost et Senna sont balayées par le Français, très confiant en l'avenir : « J'ai déjà piloté de concert avec Lauda et Rosberg qui sont de très grands pilotes et cela s'est très bien passé. Pourquoi cela ne serait pas le cas avec Ayrton ? »

Senna conclut la saison difficilement malgré un nouveau podium lors du Grand Prix du Japon, derrière Gerhard Berger ; il perd sa 2e place au championnat à l'issue du dernier Grand Prix, à Adélaïde où, 2e sous le drapeau à damier, il est disqualifié en raison de freins non conformes. Devancé par les Williams de Piquet (triple champion du monde) et Mansell, Ayrton Senna clôt, à 27 ans, une collaboration intense et productive avec la Team Lotus et l'ingénieur français Gérard Ducarouge, agrémentée de 16 pole positions, 6 victoires, 22 podiums et 6 meilleurs tours en course. Il aborde, avec McLaren, un nouveau chapitre de sa carrière dans une écurie ayant les capacités de répondre à ses ambitions, mais devra néanmoins apprendre à composer avec Alain Prost, un pilote très expérimenté, bien installé dans son écurie, double champion du monde et recordman du nombre de victoires en Grand Prix qui, s'il a favorisé sa venue sans exiger de statut privilégié, reste un compétiteur redoutable. Lors d'une discussion avec John Watson, ancien équipier de Prost en 1980, qui lui conseille d'être prudent chez McLaren car c'est l'écurie de Prost, le Brésilien répond : « J'y vais pour le battre et sans perdre de temps. »

Le casque d'Ayrton Senna

Reconnaissable entre tous, le casque d'Ayrton Senna n'a jamais changé et possède une histoire particulière. Sélectionné pour représenter le Brésil au championnat du monde de karting 1980, Senna sollicite Sidney « Sid » Mosca, qui a déjà réalisé le design des casques des champions du monde brésiliens Emerson Fittipaldi et Nelson Piquet. La livrée doit reprendre les couleurs du drapeau du Brésil et être visible de loin, tant par le public que par les adversaires, pour instiller un climat de pression psychologique supplémentaire. Ainsi, le très visible jaune du drapeau brésilien devient la couleur dominante du casque d'autant qu'elle caractérise la jeunesse. 2 bandes horizontales, une verte l'autre bleue, complètent dans le prolongement de la visière, le design pour apporter de l'agressivité et du mouvement. Les logos des sponsors sont ajoutés ensuite. Le peintre a créé un casque qui va pendant plus d'une décennie contribuer à la fierté de tout un pays.

Senna a utilisé plusieurs marques de casques tout au long de sa carrière. De 1977 à 1989, il se fournit chez Bell, de 1990 à 1991, utilise Rheos de Honda puis, de 1992 à 1993, il passe chez Shoei avant de revenir à Bell en 1994. Le casque porté lors de la course fatale a été restitué à Bell en 2002 et incinéré sous le regard des membres de la famille.

Les casques originaux du pilote sont très convoités et, lors de ventes aux enchères, atteignent plusieurs dizaines de milliers d'euros. Alan Sidney Mosca, le fils du designer, réalise des reproductions vendues au profit de la Fondation Ayrton Senna.

Lors du Grand Prix du Canada 2017, après sa 65e pole position en Formule 1, lui permettant d'égaler le score du Brésilien, Lewis Hamilton, qui n'a jamais caché son admiration pour Senna, reçoit de la part de la famille d'Ayrton Senna la réplique d'un casque de 1987. La famille déclare qu'elle lui offrira prochainement un véritable casque, acquis en 1994 et employé par Senna lors d'événements promotionnels organisées par l'Institut Ayrton Senna (photos, expositions, apparitions marketing) en 1987. Hamilton déclare en larmes : « Je suis absolument incrédule en regard de ce qui s'est passé aujourd'hui. Dieu est vraiment le plus grand. Mon rêve le plus grand s'est réalisé et je suis si reconnaissant ! Merci à la famille d'Ayrton Senna pour ce cadeau incroyable. Le casque de mon héros. Je le chérirai pour toujours. »

Lotus 97T

La Lotus 97T est une monoplace de Formule 1 engagée par l'écurie britannique Team Lotus dans le cadre du championnat du monde de Formule 1 1985. Elle est pilotée par l'Italien Elio De Angelis et le Brésilien Ayrton Senna. Les 97T ont signé 3 victoires, 7 pole positions et 3 meilleurs tours et permirent à Lotus de se classer quatrième du championnat du monde avec 71 points.

Historique

Après les bonnes performances de la Lotus 95T de l'année précédente mais avec la frustration de n'avoir obtenu aucune victoire, Lotus opère quelques légers remaniements sur sa nouvelle 97T : les pontons sont désormais plus longs et la voiture gagne en finesse en perdant les ailerons multiples désormais interdits par le règlement. Gérard Ducarouge, directeur technique, ajoute également des déflecteurs derrière les roues avant ainsi que des ailerons horizontaux devant les roues arrière. Des matériaux nouveaux comme le carbone sont utilisés dans la conception du châssis tandis que le bloc moteur est toujours fourni par Renault.

Nigel Mansell ayant claqué la porte pour rejoindre Williams-Honda, le jeune espoir Ayrton Senna le remplace aux côtés d'Elio De Angelis. Senna signe 3 pole positions consécutives entre le 2e et le 4e Grand Prix de la saison et remporte l'épreuve portugaise. De Angelis remporte le Grand Prix de Saint-Marin après qu'Ayrton a signé la pole et abandonné sur panne d'essence en vue de l'arrivée. L'Italien, peu à peu dominé par le Brésilien, termine 5e du championnat, juste derrière son coéquipier.

Résultats en championnat du monde de Formule 1

Résultats détaillés de la Lotus 97T en championnat du monde de Formule 1
Saison Écurie Moteur Pneus Pilotes Courses Points
inscrits
Classement
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
1985 John Player Special
Team Lotus
Renault
EF1 T V6
Goodyear BRÉ POR SMR MON CAN DET FRA GBR ALL AUT P-B ITA BEL EUR AFS AUS 71 4e
Elio De Angelis 3e 4e 1er 3e 5e 5e 5e Nc Abd 5e 5e 6e Abd 5e Abd Dsq
Ayrton Senna Abd 1er 7e Abd 16e Abd Abd 10e Abd 2e 3e 3e 1er 2e Abd Abd

Les données techniques

un plan de coupe de la Lotus 97T
Caractéristiques générales
Spécifications techniques

Dans la culture populaire

Dans les jeux vidéos

Horizon Chase: World Tour (PC) (2015)
ou Horizon Chase Turbo (consoles) (2018) développé et édité par Aquiris Game Studio
une Lotus 97T 1985 dans le DLC Senna Forever.

Gran Turismo 6 (2013)
développé par Polyphony Digital et édité par Sony Computer Entertainment
une Lotus 97T 1985

Gran Turismo Sport (2017)
développé par Polyphony Digital et édité par Sony Computer Entertainment
une Lotus 97T 1985

Gran Turismo 7 (2022)
développé par Polyphony Digital et édité par Sony Computer Entertainment
une Lotus 97T 1985

Quelques photos

le tableau de bord de la Lotus 97T 1985
le moteur Renault EF15B V6 de la Lotus 97T 1985
le moteur Renault EF15B V6 de la Lotus 97T 1985
le tableau de bord de la Lotus 97T 1985
C'est le châssis (n°2) avec lequel le grand Ayrton Senna a remporté son tout premier Grand Prix, le Grand Prix du Portugal 1985
le cockpit de la Lotus 97T 1985

Quelques vidéos

1985 Lotus 97T F1 V6 Turbo Sound - Accelerations & Flaming Warm Up par 19Bozzy92 1985: Ayrton SENNA and his Lotus F1 car par BBC Archive
1985 Ayrton Senna Lotus 97T - F1 V6 Turbo Sound par Babylon Car Video OnBoard an ex-Senna Lotus 97T F1 car at Imola Circuit par 19Bozzy92
flèche verte pointant vers le haut